domingo, 15 de noviembre de 2009

¨Le Grand Orient n'exclut plus la mixité¨





« Le Grand Orient n’exclut plus la mixité »

GUTIERREZ,RICARDO; DORZEE,HUGUES
Mercredi 21 octobre 2009
L’invité Bertrand Fondu

Une commission interne à la principale obédience maçonnique conclut à la possibilité d’initier des femmes. Le Grand Maître l’a confié au « Soir ».

Bertrand Fondu est Grand Maître du Grand Orient de Belgique, principale obédience maçonnique du pays. Ce soir, il tient conférence au Mundaneum (1). Alors qu’un vif débat sur la mixité anime son institution, il nous a reçu, au siège du Grand Orient, 79, rue de Laeken, à Bruxelles. Il s’exprime à titre personnel rappelant que « tout maçon est libre et chaque loge souveraine ».

Les maçons sortent de leurs temples, ils communiquent...

Ce n’est pas une stratégie. Ni du prosélytisme. Notre institution a plus de 175 ans. Nous devons nous assumer publiquement, dire ce que nous sommes – pas une bande de gangsters ! – et ce que nous faisons. La démocratie et la maçonnerie forment un couple intimement lié. Sans elle, nous ne pourrions exister. Dans les Etats totalitaires ou théocratiques, cette expression incontrôlée et libre de la pensée n’est pas imaginable.

Vous prônez l’émancipation, mais refusez l’initiation de femmes. Misogynes ?

Nous l’avons été. Mais depuis 2001, nous acceptons la visite des sœurs initiées dans les loges des obédiences mixtes ou féminines. C’est un premier pas symbolique vers la reconnaissance de l’égalité hommes-femmes.

Avant l’initiation de femmes ?

La tradition pèse. Certains frères éprouvent encore des difficultés à envisager la mixité. Pour ce qui me concerne, les soeurs sont des frères comme les autres. Mais le fait que les hommes souhaitent rester entre eux n’est ni illégal ni contraire aux droits de l’homme, ni méprisant.

Derrière l’espace de réflexion, il y a le petit verre au bar du temple, comme au Rotary ou après le foot...

Sans doute : le côté clubs anglais, entre hommes, l’héritage des loges militaires anglo-saxonnes...

Dimanche, la féminisation du Grand Orient était à l’ordre du jour de l’assemblée des Vénérables Maîtres...

En février, le Grand Collège, qui réunit les Vénérables Maîtres issus des 109 loges, a institué une commission de 12 membres qui a mené une consultation. Ce rapport juridique de 40 pages, dont nous avons pris connaissance dimanche, conclut à la possibilité d’instaurer la mixité. Possible, mais souhaitable ? La question est soumise aux 109 loges, où le débat doit vivre. Il faudra trancher pour mars 2011. Nous avons le temps.

La maçonnerie souffre d’une image désuète. L’âge moyen des apprentis avoisine la quarantaine, 60 ans pour les maçons. Peu de membres sont issus des classes populaires...

Nous devons rajeunir nos rangs, assurer la transmission de l’héritage, élargir les cercles de connaissances. De nos jours, les gens se lancent plus tard dans la vie active. Avant 35-37 ans, un individu a rarement l’occasion de s’investir dans son perfectionnement. Personnellement, j’ai deux filleuls. Je m’efforce de perpétuer la démarche maçonnique. Nous enregistrons aussi des candidatures spontanées. Au bout du compte, nous parvenons à maintenir la barre des 10.000 membres.

Que diriez-vous à un non-initié pour le convaincre ?

Qu’il dépasse les clichés : une société obscure, clanique, pourrie, etc. L’initiation est une expérience magnifique. Unique, à l’image de chaque humain. Comme une belle lumière, un beau poème. Il y a une part de raison, d’irrationnel et d’émotion.

Que vous inspire la génuflexion d’Albert II, face au pape, à la cérémonie de canonisation du père Damien ?

Au début, j’en ai ris. Puis je me suis dit que c’était ennuyeux mais guère surprenant. Albert II agenouillé et Paola portant l’uniforme blanc des reines catholiques : où est le sens de l’Etat ? S’incline-t-il devant le Chef d’Etat du Vatican ou devant le représentant du Dieu des catholiques sur Terre ? Cette confusion des rôles est troublantes. Car, par delà leurs convictions religieuses, je ne suis pas sûr que la Nation se reconnaisse dans cette image.

Le Grand Orient a diffusé un communiqué, en avril, s’inquiétant du risque de voir la conférence internationale Durban II pénaliser le blasphème...

Le phénomène est inquiétant. Nous faisons face à un « sous-marinage », par l’entremise de personnages comme Tariq Ramadan qui font passer des idées dangereuses sous le vernis d’un langage soft.

Peu de sorties sur d’autres thèmes, comme les sans-papiers…

Ces débats se tiennent, en loge. Ils ont été intenses à l’époque de la loi sur l’euthanasie. Ils le sont aujourd’hui sur le port du voile. Ceci dit, nous ne sommes pas là pour réagir à tout va. Pourquoi voudriez-vous que nous répétions ce que d’autres, comme le Centre d’action laïque, expriment parfaitement. Je ne cherche pas les créneaux porteurs. Et prendre position sur certains thèmes pourrait s’avérer contre-productif. L’un de mes prédécesseurs a déclaré que l’ennemi de la franc-maçonnerie n’était plus l’Eglise, mais l’extrême droite. Résultat : le Vlaams Belang a immédiatement demandé la révocation des Conseillers d’Etat qui seraient maçons. Sans succès.

Votre avis sur le port du voile ?

Nous avons échappé à la ghettoïsation à l’anglo-saxonne. Evitons de céder au « sous-marinage », à la pression des islamistes qui voudraient faire croire que la démocratie se réduit au droit de blesser les autres. Si je me balade à Bruxelles avec un chapeau de Gille de Binche, je ne pose pas un acte politique. La question n’est pas d’interdire le voile, surtout pas au sein d’un Parlement, mais de permettre à chacun de faire le pas qui le rend égal à l’autre. Une priorité, à l’école ! Les armes de l’égalité n’ont pas pour but d’interdire, mais d’intégrer.

Dialogue plutôt que conflit ?

Nous n’avons pas de problème à dialoguer avec les protestants ni avec les juifs. Les catholiques sont prêts à débattre aussi. Nous abordons la « communauté » musulmane avec ce même souci de dialogue, plutôt que de partir d’un principe d’interdiction du voile. Tout ne se règle pas par le droit, qui n’est pas toujours un vecteur de progrès. Misons d’abord sur le dialogue. Nous avons d’ailleurs des frères d’origine marocaine et turque, au Grand Orient.

La franc-maçonnerie est-elle l’antichambre de la politique ?

C’était le cas, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. La franc-maçonnerie était une cellule du parti libéral, à l’époque de la confrontation avec le parti catholique. Ces derniers temps, l’homme politique est presque devenu persona non grata, au Grand Orient. C’est excessif. Ils font partie de la société. Pourquoi les exclurait-on des loges ?

Pour éviter les collusions ?

Abuser de sa qualité de franc-maçon pour se voir attribuer un job dans le cabinet politique d’un frère, ce n’est pas acceptable. Je n’ai évidemment pas la certitude que ce type d’écart n’existe pas. Comme dans tout groupe humain. Ce n’est pas propre à la maçonnerie.

Et quand un frère inculpé se trouve face un magistrat ?

On a soupçonné l’homme d’affaires carolo Robert Wagner, inculpé de corruption active, de bénéficier de la mansuétude de magistrats franc-maçons. Il a été acquitté, mais la présidente du tribunal n’était pas franc-maçonne. Depuis la réforme de la justice maçonnique, en 2001, suite aux soubresauts de l’affaire Dassault-Agusta, tout frère inculpé peut être écarté des travaux en atelier. Il est « mis en sommeil ». S’il est condamné, un procès maçonnique se tient nécessairement, une « mini cour d’assises ».

Le maçon bénéficie d’un réseau d’influence…

Ne tournons pas autour du pot. Le lien maçonnique m’offre un beau carnet d’adresses. Mais comme en bénéficierait tout membre d’un cercle, maçon ou pas. Ceci dit, je suis persuadé que je ne me suis pas fait un client en plus, en tant qu’avocat. Je ne crois pas au « pouvoir du tablier ». Même pour trouver un boulot.

Quel est votre combat essentiel, au XXIe siècle ?

La laïcité. Ce qui ne signifie pas le combat contre les religions. Notre Grand Maître Théodore Verhaegen était anticlérical, mais croyant. Nous avons aussi beaucoup à apprendre de nos frères en Turquie et au Maroc. On m’a interpellé un jour en me demandant si l’existence d’un parti islamique modéré en Turquie était, à mes yeux, plus insupportable que l’existence du CD&V en Belgique. Bonne question…

(1) « Quelles perspectives pour le propos maçonnique en ce début de XXIe siècle ? ». A 19 heures, 76, rue de Nimy, à Mons (tél. : 065-31.53.43). Dans le cadre du 100e anniversaire de l’attribution du Prix Nobel de la Paix à Henri La Fontaine.

REPÈRES

Origines. La franc-maçonnerie moderne a près de 300 ans. Elle descend, de façon symbolique, des maçons constructeurs du Moyen Âge qui se déplaçaient à travers l’Europe pour y bâtir édifices religieux ou profanes.

Objet. Frères ou sœurs, les membres de cette organisation se sont donnés comme but d’œuvrer au progrès de l’humanité.

Devenir maçon. Le plus souvent, l’entrée en maçonnerie se fait par l’entremise d’un « parrain », membre d’une loge. Le candidat doit manifester sa volonté par écrit. Si la demande est prise en considération, la loge engage un processus d’initiation. Au terme d’un certain nombre d’étapes, le dossier est mis aux voix. S’il est élu, le néophyte devient « frère ». Il est apprenti, avant d’accéder éventuellement aux rangs de compagnon, puis de maître.

Le secret. L’engagement pris par le profane en devenant maçon le contraint à ne pas révéler aux « non-maçons » le contenu des délibérations de son atelier.

La bible. En 1723, le pasteur presbytérien écossais James Anderson coordonne la rédaction des Constitutions. Un des ouvrages de référence philosophique des maçons.

En Belgique. Sur 22.000 francs-maçons, 10.000 adhèrent au Grand Orient (109 loges). Avec trois autres obédiences – la Grande Loge féminine de Belgique (34 ateliers), la Grande Loge de Belgique (70) et la Fédération belge du Droit humain (95) –, le Grand Orient partage un site internet (mason.be). La confédération Lithos (huit loges), créée en 2006, et la Grande Loge Mixte de Belgique (6 ateliers), fondée cette année, affichent les mêmes valeurs : liberté absolue de conscience, lutte contre les dogmes et les sectes, combat pour l’égalité, la démocratie et la laïcité. Ces obédiences sont adogmatiques, contrairement à la Grande Loge régulière de Belgique (44 ateliers) qui croit en Dieu, Grand Architecte de l’Univers, et interdit le débat politique ou religieux en loge (glrb.org). Pour en savoir plus : le Blog Maçonnique (hiram.be).

Bertrand Fondu, 55 ans, est Grand Maître du Grand Orient de Belgique, principale obédience maçonnique

Bertrand Fondu, 55 ans, est Grand Maître du Grand Orient de Belgique, principale obédience maçonnique du Royaume, avec 10.000 membres et 109 loges. Avocat aux barreaux de Mons et Charleroi, il a été formé à l’athénée de Morlanwelz puis à l’Université libre de Bruxelles. Il est le premier universitaire dans sa famille. Abonné à « Charlie-Hebdo », il est membre du PS depuis 1973. Il a été échevin de la culture à Morlanwelz, commune où son père assumait la fonction de secrétaire communal. Initié en 1996, il est membre des Droits de l’Homme, la loge 84, à Mons. Il a été élu Grand Maître le 16 mars 2008, pour un mandat de trois ans non renouvelable.

2 comentarios:

Haia dijo...

M:.R:.M:.
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Me identificare pertenezco A la G:.L:.S:. Española mi Logia es Renacimiento en Madrid y soy P:.V:.
Sería posible me ayudes
Recibe un T:.A:.F:.

Ascensión Tejerina dijo...

Disculpa el retraso en contestar pero no lo he visto antes, espero que no sea demasiado tarde. Creo que en esta librería lo tienen para la venta.

http://www.libreriatintas.com/index.php/DE-OFICIO-MASON/3/0/?&no_cache=1&tx_ttproducts_pi1[backPID]=3&tx_ttproducts_pi1[begin_at]=360&tx_ttproducts_pi1[sword]=Ascensi%F3n%20Tejerina&tx_ttproducts_pi1[product]=216033&cHash=a7b040a956

Feliz viaje

Un abrazo fraternal