lunes, 23 de noviembre de 2009

Debate entre católicos y masones..... en Italia



La Logia al Oriente de Como aparece como referente en este programa debate de Expansion TV, emitido el pasado 10 de noviembre, con la participación de dos miembros de la Logia, un sacerdote y una dirigente seglar de la Iglesia Católica. Está en italiano y dura 1.48 minutos.

domingo, 15 de noviembre de 2009

¨Le Grand Orient n'exclut plus la mixité¨





« Le Grand Orient n’exclut plus la mixité »

GUTIERREZ,RICARDO; DORZEE,HUGUES
Mercredi 21 octobre 2009
L’invité Bertrand Fondu

Une commission interne à la principale obédience maçonnique conclut à la possibilité d’initier des femmes. Le Grand Maître l’a confié au « Soir ».

Bertrand Fondu est Grand Maître du Grand Orient de Belgique, principale obédience maçonnique du pays. Ce soir, il tient conférence au Mundaneum (1). Alors qu’un vif débat sur la mixité anime son institution, il nous a reçu, au siège du Grand Orient, 79, rue de Laeken, à Bruxelles. Il s’exprime à titre personnel rappelant que « tout maçon est libre et chaque loge souveraine ».

Les maçons sortent de leurs temples, ils communiquent...

Ce n’est pas une stratégie. Ni du prosélytisme. Notre institution a plus de 175 ans. Nous devons nous assumer publiquement, dire ce que nous sommes – pas une bande de gangsters ! – et ce que nous faisons. La démocratie et la maçonnerie forment un couple intimement lié. Sans elle, nous ne pourrions exister. Dans les Etats totalitaires ou théocratiques, cette expression incontrôlée et libre de la pensée n’est pas imaginable.

Vous prônez l’émancipation, mais refusez l’initiation de femmes. Misogynes ?

Nous l’avons été. Mais depuis 2001, nous acceptons la visite des sœurs initiées dans les loges des obédiences mixtes ou féminines. C’est un premier pas symbolique vers la reconnaissance de l’égalité hommes-femmes.

Avant l’initiation de femmes ?

La tradition pèse. Certains frères éprouvent encore des difficultés à envisager la mixité. Pour ce qui me concerne, les soeurs sont des frères comme les autres. Mais le fait que les hommes souhaitent rester entre eux n’est ni illégal ni contraire aux droits de l’homme, ni méprisant.

Derrière l’espace de réflexion, il y a le petit verre au bar du temple, comme au Rotary ou après le foot...

Sans doute : le côté clubs anglais, entre hommes, l’héritage des loges militaires anglo-saxonnes...

Dimanche, la féminisation du Grand Orient était à l’ordre du jour de l’assemblée des Vénérables Maîtres...

En février, le Grand Collège, qui réunit les Vénérables Maîtres issus des 109 loges, a institué une commission de 12 membres qui a mené une consultation. Ce rapport juridique de 40 pages, dont nous avons pris connaissance dimanche, conclut à la possibilité d’instaurer la mixité. Possible, mais souhaitable ? La question est soumise aux 109 loges, où le débat doit vivre. Il faudra trancher pour mars 2011. Nous avons le temps.

La maçonnerie souffre d’une image désuète. L’âge moyen des apprentis avoisine la quarantaine, 60 ans pour les maçons. Peu de membres sont issus des classes populaires...

Nous devons rajeunir nos rangs, assurer la transmission de l’héritage, élargir les cercles de connaissances. De nos jours, les gens se lancent plus tard dans la vie active. Avant 35-37 ans, un individu a rarement l’occasion de s’investir dans son perfectionnement. Personnellement, j’ai deux filleuls. Je m’efforce de perpétuer la démarche maçonnique. Nous enregistrons aussi des candidatures spontanées. Au bout du compte, nous parvenons à maintenir la barre des 10.000 membres.

Que diriez-vous à un non-initié pour le convaincre ?

Qu’il dépasse les clichés : une société obscure, clanique, pourrie, etc. L’initiation est une expérience magnifique. Unique, à l’image de chaque humain. Comme une belle lumière, un beau poème. Il y a une part de raison, d’irrationnel et d’émotion.

Que vous inspire la génuflexion d’Albert II, face au pape, à la cérémonie de canonisation du père Damien ?

Au début, j’en ai ris. Puis je me suis dit que c’était ennuyeux mais guère surprenant. Albert II agenouillé et Paola portant l’uniforme blanc des reines catholiques : où est le sens de l’Etat ? S’incline-t-il devant le Chef d’Etat du Vatican ou devant le représentant du Dieu des catholiques sur Terre ? Cette confusion des rôles est troublantes. Car, par delà leurs convictions religieuses, je ne suis pas sûr que la Nation se reconnaisse dans cette image.

Le Grand Orient a diffusé un communiqué, en avril, s’inquiétant du risque de voir la conférence internationale Durban II pénaliser le blasphème...

Le phénomène est inquiétant. Nous faisons face à un « sous-marinage », par l’entremise de personnages comme Tariq Ramadan qui font passer des idées dangereuses sous le vernis d’un langage soft.

Peu de sorties sur d’autres thèmes, comme les sans-papiers…

Ces débats se tiennent, en loge. Ils ont été intenses à l’époque de la loi sur l’euthanasie. Ils le sont aujourd’hui sur le port du voile. Ceci dit, nous ne sommes pas là pour réagir à tout va. Pourquoi voudriez-vous que nous répétions ce que d’autres, comme le Centre d’action laïque, expriment parfaitement. Je ne cherche pas les créneaux porteurs. Et prendre position sur certains thèmes pourrait s’avérer contre-productif. L’un de mes prédécesseurs a déclaré que l’ennemi de la franc-maçonnerie n’était plus l’Eglise, mais l’extrême droite. Résultat : le Vlaams Belang a immédiatement demandé la révocation des Conseillers d’Etat qui seraient maçons. Sans succès.

Votre avis sur le port du voile ?

Nous avons échappé à la ghettoïsation à l’anglo-saxonne. Evitons de céder au « sous-marinage », à la pression des islamistes qui voudraient faire croire que la démocratie se réduit au droit de blesser les autres. Si je me balade à Bruxelles avec un chapeau de Gille de Binche, je ne pose pas un acte politique. La question n’est pas d’interdire le voile, surtout pas au sein d’un Parlement, mais de permettre à chacun de faire le pas qui le rend égal à l’autre. Une priorité, à l’école ! Les armes de l’égalité n’ont pas pour but d’interdire, mais d’intégrer.

Dialogue plutôt que conflit ?

Nous n’avons pas de problème à dialoguer avec les protestants ni avec les juifs. Les catholiques sont prêts à débattre aussi. Nous abordons la « communauté » musulmane avec ce même souci de dialogue, plutôt que de partir d’un principe d’interdiction du voile. Tout ne se règle pas par le droit, qui n’est pas toujours un vecteur de progrès. Misons d’abord sur le dialogue. Nous avons d’ailleurs des frères d’origine marocaine et turque, au Grand Orient.

La franc-maçonnerie est-elle l’antichambre de la politique ?

C’était le cas, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. La franc-maçonnerie était une cellule du parti libéral, à l’époque de la confrontation avec le parti catholique. Ces derniers temps, l’homme politique est presque devenu persona non grata, au Grand Orient. C’est excessif. Ils font partie de la société. Pourquoi les exclurait-on des loges ?

Pour éviter les collusions ?

Abuser de sa qualité de franc-maçon pour se voir attribuer un job dans le cabinet politique d’un frère, ce n’est pas acceptable. Je n’ai évidemment pas la certitude que ce type d’écart n’existe pas. Comme dans tout groupe humain. Ce n’est pas propre à la maçonnerie.

Et quand un frère inculpé se trouve face un magistrat ?

On a soupçonné l’homme d’affaires carolo Robert Wagner, inculpé de corruption active, de bénéficier de la mansuétude de magistrats franc-maçons. Il a été acquitté, mais la présidente du tribunal n’était pas franc-maçonne. Depuis la réforme de la justice maçonnique, en 2001, suite aux soubresauts de l’affaire Dassault-Agusta, tout frère inculpé peut être écarté des travaux en atelier. Il est « mis en sommeil ». S’il est condamné, un procès maçonnique se tient nécessairement, une « mini cour d’assises ».

Le maçon bénéficie d’un réseau d’influence…

Ne tournons pas autour du pot. Le lien maçonnique m’offre un beau carnet d’adresses. Mais comme en bénéficierait tout membre d’un cercle, maçon ou pas. Ceci dit, je suis persuadé que je ne me suis pas fait un client en plus, en tant qu’avocat. Je ne crois pas au « pouvoir du tablier ». Même pour trouver un boulot.

Quel est votre combat essentiel, au XXIe siècle ?

La laïcité. Ce qui ne signifie pas le combat contre les religions. Notre Grand Maître Théodore Verhaegen était anticlérical, mais croyant. Nous avons aussi beaucoup à apprendre de nos frères en Turquie et au Maroc. On m’a interpellé un jour en me demandant si l’existence d’un parti islamique modéré en Turquie était, à mes yeux, plus insupportable que l’existence du CD&V en Belgique. Bonne question…

(1) « Quelles perspectives pour le propos maçonnique en ce début de XXIe siècle ? ». A 19 heures, 76, rue de Nimy, à Mons (tél. : 065-31.53.43). Dans le cadre du 100e anniversaire de l’attribution du Prix Nobel de la Paix à Henri La Fontaine.

REPÈRES

Origines. La franc-maçonnerie moderne a près de 300 ans. Elle descend, de façon symbolique, des maçons constructeurs du Moyen Âge qui se déplaçaient à travers l’Europe pour y bâtir édifices religieux ou profanes.

Objet. Frères ou sœurs, les membres de cette organisation se sont donnés comme but d’œuvrer au progrès de l’humanité.

Devenir maçon. Le plus souvent, l’entrée en maçonnerie se fait par l’entremise d’un « parrain », membre d’une loge. Le candidat doit manifester sa volonté par écrit. Si la demande est prise en considération, la loge engage un processus d’initiation. Au terme d’un certain nombre d’étapes, le dossier est mis aux voix. S’il est élu, le néophyte devient « frère ». Il est apprenti, avant d’accéder éventuellement aux rangs de compagnon, puis de maître.

Le secret. L’engagement pris par le profane en devenant maçon le contraint à ne pas révéler aux « non-maçons » le contenu des délibérations de son atelier.

La bible. En 1723, le pasteur presbytérien écossais James Anderson coordonne la rédaction des Constitutions. Un des ouvrages de référence philosophique des maçons.

En Belgique. Sur 22.000 francs-maçons, 10.000 adhèrent au Grand Orient (109 loges). Avec trois autres obédiences – la Grande Loge féminine de Belgique (34 ateliers), la Grande Loge de Belgique (70) et la Fédération belge du Droit humain (95) –, le Grand Orient partage un site internet (mason.be). La confédération Lithos (huit loges), créée en 2006, et la Grande Loge Mixte de Belgique (6 ateliers), fondée cette année, affichent les mêmes valeurs : liberté absolue de conscience, lutte contre les dogmes et les sectes, combat pour l’égalité, la démocratie et la laïcité. Ces obédiences sont adogmatiques, contrairement à la Grande Loge régulière de Belgique (44 ateliers) qui croit en Dieu, Grand Architecte de l’Univers, et interdit le débat politique ou religieux en loge (glrb.org). Pour en savoir plus : le Blog Maçonnique (hiram.be).

Bertrand Fondu, 55 ans, est Grand Maître du Grand Orient de Belgique, principale obédience maçonnique

Bertrand Fondu, 55 ans, est Grand Maître du Grand Orient de Belgique, principale obédience maçonnique du Royaume, avec 10.000 membres et 109 loges. Avocat aux barreaux de Mons et Charleroi, il a été formé à l’athénée de Morlanwelz puis à l’Université libre de Bruxelles. Il est le premier universitaire dans sa famille. Abonné à « Charlie-Hebdo », il est membre du PS depuis 1973. Il a été échevin de la culture à Morlanwelz, commune où son père assumait la fonction de secrétaire communal. Initié en 1996, il est membre des Droits de l’Homme, la loge 84, à Mons. Il a été élu Grand Maître le 16 mars 2008, pour un mandat de trois ans non renouvelable.

jueves, 12 de noviembre de 2009

Conférence de l ’Union Maçonnique Médi terranéenne


Dr. Ina Pipéraki Veni se, 6-8 Novembre 2009

« La franc-maçonnerie a-t-elle vraiment un message à adresser aux nouvelles
générations dans ce cadre actuel d’une profonde crise morale et économique ?

Thème Général de réflexion

«Quel message peut apporter la Franc-maçonnerie aux jeunes
générations des pays Méditerranéens ?» ;

Mesdames et Messieurs,

Existe-t-il une civilisation méditerranéenne, une culture méditerranéenne ? « La civilisation, rappelle Lévi-Strauss, implique la coexistence de cultures offrant entre elles le maximum de diversité et consiste même en cette coexistence ». Par ailleurs, la culture ou la civilisation, pris au sens le plus large, est cet ensemble complexe incluant les savoirs, les croyances, l’art, les moeurs, le droit, les coutumes, ainsi que toute autre disposition ou usage acquis par l’homme en tant qu’il vit en société.

La civilisation méditerranéenne …! Il s’agit d’une spécificité collective pour cette grande zone sociohistorique de l’humanité que fût le bassin méditerranéen ; ce terme « de civilisation méditerranéenne », pour nous f∴m∴, nécessite de conserver la part d’idéal humaniste que lui ont insufflé les philosophes des Lumières, en le débarrassant des contaminations subies par les violences de l’Histoire. Tâche peut-être insurmontable, comme celle qui consiste à retrouver l’idéal de ces idéaux moralement menacés de nos jours, « la liberté » ou « la démocratie ». Constatons tous, de même, que si on a pu parler « du choc des cultures »1, les civilisations autour de la méditerranée ne s’entrechoquent pas : elles se mêlent et produisent un espoir, le métissage, tentative pour construire un universel vrai. Suivant notre concept maç∴ , on a toujours favorisé l’apparition « d’une civilisation universelle de fraternité humaine» et que celle-ci soit plutôt un mélange harmonieux de différentes cultures, opinions, idées, courants de pensées… Le point de vue de Huntington, discuté et critiqué, qui d’une manière ou d’une autre a marqué la fin du XXe siècle, oublie que les civilisations loin d’être des blocs monolithiques imperméables à toute influence extérieure, peuvent être des ensembles poreux, qui favorisent l’échange de connaissances, l’éducation, le dialogue interculturel, qui sont des voies d’avenir, loin d’avoir été autant ouvertes qu’il le faudrait.

C’est évident que la maîtrise civilisée dans le bassin méditerranéen repose sur la paix et donc sur ce qu’on appellerait aujourd’hui la bonne gouvernance : c’est l’encadrement social par desinstitutions politiques harmonieuses qui permet de repartir entre tous les fruits du travail humain.

Il faut que tous prennent conscience que tout en abolissant le temps et les distances, la technologie et l’informatique en aident beaucoup, la mondialisation ne fait disparaître ni la pertinence des grandes aires civilisationnelles, ni la prégnance de l’histoire et de la géopolitique.

La mondialisation ne se déroule pas dans un vide politique ou culturel. Ce qui s’y joue c’est une lutte pour le pouvoir, ou plutôt les différentes expressions du pouvoir : Qui va définir les normes, les régulations et le but de la mondialisation ? Quels états pèseront le plus dans ce processus ? Quelles influences civilisationnelles modèleront l’espace mondial ? Et en plus, dans cette époque de crise profonde surtout morale, financière et économique comment protéger l’avenir ? Est-ce qu’en tant que citoyens éveillés et francs-maçons nous considérons-nous en capacité d’avoir des solutions ?

Mes ff∴ et mes ss∴, en franc-maçonnerie on ne « vend » pas « des fruits », rien n’est donné pour un prix bien fixé, voire négocié au préalable ! Ici, on sème des graines, on favorise la réflexion et l’initiative, on propage nos valeurs et nos principes. Et pour que cela dure longtemps, il faut que cette méthode, ces principes, ces idéaux continuent à inspirer les nouvelles générations actives de la société ; il y a une nécessité profonde qu’ils continuent à être « semés » dans les coeurs des futurs maçons, pour devenir ainsi « les outils » afin d’élaborer le futur, l’avenir générationnel, qui appartient à l’humanité toute entière!

Aujourd’hui, plus que jamais, l’existence d’un monde viable pour les prochaines générations humaines est menacée : crise financière, économique et surtout morale, remise en question des Droits de l’homme (Durban II), péril environnemental ! Voilà le cadre dans lequel on se situe aujourd’hui, étant maçons et citoyens du monde, à la recherche de l’idéal humain, d’un pragmatisme évolué, du temps « perdu » ou retrouvé, de la Parole renouvelée. Ainsi, le futur, devient-il directement l’horizon de notre responsabilité !

Et la franc-maçonnerie, dans le cadre de cette réalité méditerranéenne qu’on l’on vient d’aborder dans la première partie de cette réflexion, a-t-elle vraiment un message à adresser aux nouvelles générations ? Pouvons-nous encore les inspirer ? Sommes-nous encore aptes à enflammer leurs coeurs par les principes de la L∴de l’ E∴et de la F∴ ? Et ces principes reflètent-ils encore la réalisation d’un monde meilleur ? Avons-nous une méthode à leur transmettre ? Sommes-nous capables de répondre à leurs besoins ? Pouvons-nous garantir la continuité et la cohésion de la société contemporaine ?

Notre questionnement est grave et sérieux ! Mais malgré tout, la réponse ne devrait être que « oui », largement « oui » ; sinon, nous ne serions plus des maçons ! Les francs-açons n’acceptent aucune entrave à la recherche de la Vérité et une fois acquise ils souhaitent la faire partager à l’extérieur, au monde entier ! Si la société est gravement malade, et on en est tous responsables ; c’est exactement à ce point-là que commence le travail maçonnique. Le pessimisme et l’introspection stériles ne servent à rien.

Qu’est-ce qu’on entend par le mot « message » ?

Le message est la manière de faire connaître une information ; il peut être lui-même une information, une idée, un précepte ; le message peut être verbal ou non verbal, une action, ou des actions, c’est-à-dire un comportement. Adresser un message présuppose une source et un récepteur ; je pense que vous reconnaissiez, mes ff∴ et mes ss∴, notre rôle « de source ».

Oui, la f∴m∴ l’a été et doit continuer à l’être … Une source qui désaltère ! beau symbole !

On a traversé une longue période de croissance économique (au moins largement considérée comme telle, bien qu’aujourd’hui on ait compris qu’il faut peut-être mesurer autrement la croissance) qui allait de pair avec une période de spéculation, de profit « avéré », de cupidité humaine. Et nous voilà maintenant, depuis plus d’un an, en pleine crise financière, économique et morale ! Nous francs-maçons et citoyens éveillés, nous savons que tout dépend du fait que l’homme est considéré comme un moyen et non comme une fin ! Et quand on parle « de l’homme », on parle d’autrui, de cette merveille qu’est « l’autre », notre semblable, notre
confrère…

La parole et l’action maçonnique ont toujours été l’avant-garde de la société, professant l’équité sociale, la probité, menant les débats pour l’élaboration de propositions concrètes, réaffirmant une éthique maçonnique et républicaine, défendant toute l’ampleur de la dignité humaine, étendant les valeurs humanistes en dehors de nos temples.

« Vraiment » se traduit dans ma pensée comme vrai, pragmatique, appliqué, tangible, réel ! De nos jours, l’Europe de la citoyenneté et des droits sociaux, le monde entier, se révèlent principalement être un espace de libre échange de tout et de rien ! La crise laisse place une nouvelle fois au doute, à l’émergence de populismes, d’extrémismes et de xénophobies !

Et dans cette réalité affligeante les jeunes se trouvent les plus touchés par le chômage, l’isolement, l’insatisfaction et l’instabilité qui nourrissent la peur de l’avenir, la peur de l’autre ; ils sont également angoissés et se croient incapables de faire bouger la société.

Alors, notre rôle est de leur donner de l’espoir, la franc-maçonnerie a toujours été l’espoir, et de l’autre côté il faut faire des choses simples pour susciter leur intérêt et favoriser le dialogue (p.ex. organiser des forums ne s’adressant qu’aux jeunes), couvrir leurs besoins (cotisations adaptées à leurs revenus), utiliser l’art comme un moyen et être un lieu convivial de rencontre et de libres échanges, surtout les informer et leur démontrer de façon tangible « la valeur » de nos valeurs.

Il faut les rassurer, leur présenter notre message positif et notre ardeur à nous battre continuellement; on peut par exemple contribuer à lutter contre les risques d’isolationnisme, de protectionnisme, d’instabilité et les injustices qui émergent; on peut favoriser la consolidation du sentiment d’identité et de citoyenneté, d’une cohésion sociale recherchée ; luttons avec eux contre un conformisme de mauvais augure dans un monde globalisé où la capacité d’adaptation, l’aptitude à l’innovation, l’esprit à l’initiative sont les clés de la survie.

Nous sommes conscients qu’il faut inventer des nouvelles façons de produire, de consommer, de gouverner, de partager, de vivre ensemble en fraternité par notre double méthode maçonnique : allier la démarche initiatique qui est une quête perpétuelle du bonheur personnel et l’engagement citoyen en faveur d’une société plus pragmatique, plus équitable et plus éclairée.

Et si vous considériez mes ss∴ et mes ff∴ que rien ne change, que rien ne bouge … je crois, personnellement que non ! On ne va pas changer le monde d’emblée, «des pénibles et longues» démarches sont nécessaires. On fait globalement des pas lents, mais on avance. J’ai très attentivement écouté la présentation du «Rapport de la Commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social», dit rapport de la Commission Stiglitz (prix Nobel d’économie); et par suite je l’ai très minutieusement lu, non parce que c’est mon domaine de compétence, mais parce que ce qui m’a frappé c’est que c’est la première fois que dans un rapport économique figurent en grosses lettres les mots «progrès social, « soutenabilité », qualité de vie, bien-être social … ».

Et cela va de soi avec le questionnement quant à la mesure des performances au niveau du bienêtre social: Comment également mesurer le sourire aux lèvres des enfants, le soulagement des handicapés et des gens défavorisés qui ont besoin de notre présence ? Comment évaluer «le confort» de vivre harmonieusement en société, et comment mesurer la sécurité humaine des citoyens du monde ? Faudrait-il inventer, ou réinventer, des indicateurs pour mesurer le bonheur, l’égalité sociétale, la fraternité humaine et la liberté de tout être au niveau planétaire ? Faudrait-il oeuvrer de la sorte que chacun citoyen prenne du plaisir dans sa vie de tous les jours ? Faudrait-il travailler pour l’avènement d’une ère où la qualité « balayera » la fausse valeur de la quantité ? tant en société qu’au sein de nos temples, l’accolade f∴ a plus de prix pour nous maç∴ que, parfois la meilleure des planches entendues…

Je crois que le moment est propice ; cette période après la crise, ou plus certainement en cours de crise, nous laisse à nous maçons l’espace pour agir. Notre message humanitaire et humaniste doit mieux passer ; c’est la première fois que les rapports économiques et scientifiques parlent de la nécessité «de l’invention d’une nouvelle croissance qui privilégie non le chiffre mais le bien-être humain»; c’est la première fois que la cupidité humaine, l’intérêt, le profit sont autant en question. Réjouissons-nous mais agissons ! Les oreilles sont prêtes à nous entendre, les coeurs sont prêts à s’ouvrir, les consciences semblent plus éveillées …. « παθήναι καί ειδέναι» (on comprend mieux après avoir souffert).

Est-ce qu’aujourd’hui, avec un peu de recul, tout en étant en pleine crise ou en post-crise, cela dépend du pays ou de la considération personnelle, nous semble-t-il que toutes les crises sont pareilles ? Et n’y-a-t-il donc rien à faire, puisque les mêmes maux semblent se manifester à chaque crise ? La vérité c’est que le mal qu’il faudrait combattre est au coeur de l’homme : sa
crédulité, son comportement moutonnier, sa cupidité. Mais pourtant, de crise en crise, notre humanité progresse, à nous d’en tirer le meilleur enseignement … Voyons donc dans cette crise, comme dans les précédentes, un rappel sans doute pénible, mais utile, à combattre nos «démons», et à ne jamais négliger l’inlassable travail d’adaptation et du progrès !

L’avenir attend d’être «modelé», l’avenir cherche et interroge, réfléchit et frappe à la porte de notre temple; en sommes-nous bien conscients ? Sommes-nous suffisamment attentifs ? La jeunesse est une ressource, ou plutôt la seule ressource saine de renouvellement et de continuité de l’existence, la seule preuve tangible de notre immortalité, notre Graal ! Même si nous ne possédons pas de solutions, nous possédons, depuis le début de l’histoire maçonnique, une méthode …

La franc-maçonnerie est l’art de douter, de se questionner, mais aussi de passer à l’action, de côtoyer le danger, d’accueillir, d’engendrer « le feu de la révolte » ; c’est l’art d’aimer de façon absolue, c’est l’Eros de la Vie elle-même, … afin de gouter la liberté ésotérique et de se battre pour la liberté exotérique ! Et pour reprendre les propos d’un philosophe contemporain grec, Emmanuel Criaras, je conclus :

« L’amour (Eros) est la recherche de l’idéal humain, c’est peut-être le seul idéal qui a survécu à notre époque. Eros est l’antidote à la mort ! c’est peut-être la vie elle-même ; la vie n’est pas heureuse sans l’amour ! »
Merci de votre fidélité
J’ai dit
Ina Pipéraki
GSAE, adj.

1 Samuel Huntington, “The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order”, (1996).

Bibliographie
1. «Atlas de civilisations», Le Monde Hors-série, Coédition « La Vie - Le Monde », 2009-2010.
2. Stiglitz Joseph E., Sen Amartya, Fitoussi Jean-Paul, «Rapport de la Commission sur la mesure des
performances économiques et du progrès social», 14 septembre 2009.
3. «Repenser la planète finance: regards croisés sur la crise financière », Le Cercle Turgot, sous la
direction de Jean-Louis Chambon, «Les Echos Editions et Groupe Eyrolles, 2009.
4. Helle Damgaard Nielsen, ITUC Polisy Research Officer, « La crise économique et financière
mondiale et son incidence sur les jeunes », blog des Jeunes de la CSI, 1 septembre 2009.
5. « Enquête mondiale : comment les jeunes voient leur avenir », L’Express, 2/1/2008.
6. « La Commission souhaite mieux intégrer les jeunes dans la société », IP/07/1281, 5 septembre
2007.
7. Samuel Huntington, “The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order”, “Le Choc des
Civilisations et le Nouvel Ordre Mondial”, (1996).

Al otro lado de la realidad

http://www.blip.tv/file/2823603